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La France fait le pas vers la libéralisation du marché des jeux

lundi, juin 14th, 2010

La France a récemment ouvert son marché de paris sportifs et hippiques sur Internet, assouplissant un monopole d’Etat sur les jeux qui remonte au 16ème siècle.

L’ouverture, censée coïncider avec la Coupe du Monde de football, a été initiée pour lutter contre les sites illégaux, tout en répondant aux exigences de la Commission Européenne quant à la libre prestation des services à l’intérieur de l’Union Européenne.

Jusqu’à présent, 17 licences ont été attribuées à 11 opérateurs, y compris le groupe autrichien Bwin Interactive Entertainement et BetClic Enterprises Ltd. basée à Malte. Selon un communiqué officiel de l’ARJEL, les licences pour le poker en ligne seront délivrées plus tard en juin. Le nombre d’autorisations sera limité.

A partir du 8 juin, les sociétés de jeux en ligne opérant en France sans autorisation sont passibles de grosses amendes.

Même s’il est surprenant et méconnu, les gouvernements successifs de la France ont maintenu un strict monopole sur les loteries et les paris sportifs depuis qu’un édit a été adopté par le roi François Ier en 1539.

Sous la pression de la Commission Européenne, la France a suivi l’exemple de l’Italie et a enfin commencé à délivrer des licences à des entreprises privées. L’Espagne et le Danemark pourraient bientôt adopter un système similaire.

Les loteries étaient (et seront encore) exploitées par le monopole d’Etat la Française des Jeux (FDJ), tandis que le Pari Mutuel Urbain (PMU), un consortium d’organisateurs de courses, était chargé des paris hippiques. Les casinos privés terrestres sont autorisés à offrir des jeux de hasard comme la roulette et des jeux d’adresse, comme le poker.

Cependant, depuis quelques années, le système a été fragilisé par l’apparition des opérateurs de jeux en ligne étrangers.

Lorsque la FDJ a commencé à proposer des paris sportifs en ligne en 2002, elle a été importunée par les concurrents étrangers qui payaient des impôts moins élevés dans les respectifs pays. La compagnie n’a gagné que 5% des parts de marché en France, dit Jean-François Vilotte, président de l’ARJEL. « C’était la pire situation possible », a-t-il commenté.

M. Vilotte a déclaré dans une interview que la France avait dû faire face à des sites illégaux et, par conséquent, réglementer le marché des jeux en ligne.

Toutefois, pour les nouveaux venus, la France peut ne pas s’avérer être un jackpot.

La France est l’un des rares pays qui taxent le montant total parié et non pas les recettes engrangées par les sociétés de jeux. Ainsi, le niveau d’imposition est relativement élevé. Par exemple, l’impôt sur les paris sportifs s’élève à 8,8% en France, contre 3,8% en Italie.

Les impôts relativement élevés, la réglementation stricte et la présence du PMU et de la FDJ, pourrait décourager les sociétés de jeux.

« La France est un grand marché », dit Lorien Pilling, le chef de recherche chez Global Betting & Gaming Consultants, basée sur l’île de Man. « Il reste à voir s’il est également profitable ».

Un autre problème pour les nouveaux venus, ce sont les jeux de casino, tels que la roulette et les machines à sous. Ces jeux constituent un segment très lucratif du marché en ligne, mais ils restent interdits en France, à l’exception du poker.

Le PMU et la FDJ garderont leur monopole sur les paris dans les maisons de paris, d’où ils puisent la plupart des revenus. Ceci, combiné avec la reconnaissance locale des marques, pourraient leur donner en première instance un avantage sur laconcurrence, estiment les analystes.

Les bookmakers espèrent qu’une fois les licences délivrées, la France va diminuer progressivement les taux d’imposition et assouplira les exigences réglementaires.

« L’essentiel est d’être là au début », explique Antonio Constanzo, chef du département français de Bwin. « Espérons que les choses iront mieux avec le temps ».